Numéro complet: 112 Année de parution: 2017
Titre du numéro: Spécial Réformation 3
Ce troisième numéro de Lire et dire dédié à la Réformation aborde les thématiques chères aux réformateurs de manière indirecte, et sans se présenter d’emblée comme une lecture réformatrice des 4 passages choisis. Pourtant on trouve, dans l’analyse des textes, des thématiques transversales qui les rattachent à des notions clés de la Réforme. Les deux études présentées par G. Antier et C. Singer mettent en avant l’importance de la « foi dans la foi d’un autre » comme cœur de l’existence chrétienne. Dans le texte de Luc, le malfaiteur qui demande à Jésus de se souvenir de lui est, selon C. Singer, un modèle de la foi comme « abandon confiant ». Elle est foi authentique, et non pas idolâtrie, et correspond à la façon dont Luther définit la foi dans son Grand Catéchisme. Pour G. Antier, la réflexion de Paul dans Galates établit la primauté de la fidélité du Christ, qui permet à chaque croyant et chaque croyante de « naître au présent de la vie », comme une grâce. Cette gratuité se retrouve aussi dans la réflexion qu’E. Nocquet mène au sujet du baptême de l’eunuque Éthiopien rapporté en Actes 8. Pour elle, la particularité de ce texte consiste à présenter une véritable rencontre entre deux personnages très différents, Philippe, un missionnaire hellénistique, et un eunuque éthiopien qui symbolise une figure marginalisée, tant par son origine ethnique que par son genre ambigu. Cette rencontre indique qu’aucun critère (de race, d’orientation sexuelle, de genre) ne peut empêcher le partage de la bonne nouvelle, et l’inclusion de chaque être humain dans le peuple de Dieu. De plus, pour E. Nocquet, ce que Philippe met en route chez l’eunuque à travers le baptême devra se poursuivre dans la vie de l’eunuque. Le partage avec Philippe construit un être humain capable de continuer son chemin de foi de manière autonome, de « lire et comprendre ». E. Nocquet insiste cependant pour dire que cette autonomie peut et doit se nourrir d’interactions avec la communauté. Ce souci de la communauté se trouve également dans la lecture que C. Rohmer fait de Matthieu 16. L’évangéliste présente en effet Jésus comme celui qui indique le sens et la mission de l’Église. L’Église ne peut se construire comme entité autonome, ou comme une institution dont l’existence se suffit à elle-même. Au contraire, elle est « événement », et doit sans cesse être renouvelée. Insistance sur la foi et la grâce, importance de l’intelligence de chaque croyant et croyante, et Église comme institution dépendante de la grâce du Christ. La réforme traverse bel et bien les 4 analyses proposées dans ce numéro. Pour le comité : Valérie Nicolet
Article(s) inclus dans ce numéro:
 TexteTitreAuteur(s)
Luc 23,33-43 Christ au nombre des malfaiteurs Christophe Singer
Actes 8,26-40 Comprends-tu ce que tu lis ? Eva Nocquet
Galates 2,11-21 Il n’y a pas d’identité chrétienne ! Guilhen Antier
Matthieu 16,13-20 Heureuse apocalypse ! Céline Rohmer
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