Numéro complet: 15 Année de parution: 1993
Titre du numéro: (Sans titre)
REFUS DU SALUT - Groupe de femmes romandes, pasteures et théologiennes, elles ont décidé de prendre en charge un numéro de «Lire et Dire», non pour faire de la théologie féministe, mais bien plutôt pour faire de la théologie au féminin. Quatre études, signées par quatre rédactrices, mais fruit d'un travail de groupe plus large, forment ainsi ce numéro. La thématique centrale en est le refus du salut. Le récit de vision d'Esaïe 6,1-13 est généralement considéré comme le récit de vocation du prophète. Récit de vision oui, mais surprenant par ses figures et sa forme; vocation d'Esaïe oui, mais conjointe à un mandat douloureux dont les lecteurs et les prédicateurs ne savent que faire. Quelle image de Dieu nous est transmise au travers de ce texte ? Que faire, aujourd'hui, d'un Dieu qui annonce une volonté d'endurcir son peuple ? Le rejet est-il finalement issu de Dieu ou des hommes ? Et face au rejet, que signifie le pardon de Dieu ? Job 3,11-26 déclare que la mort vaut mieux que la vie; ou plutôt qu'il vaudrait mieux ne pas être né en regard de la souffrance, de la solitude et de l'abandon. La mort serait-elle le seul lieu où les injustices s'effacent et les douleurs se guérissent ? A la lecture de ce texte, c'est effective¬ment ce qui pourrait être compris. Néanmoins, il est aussi possible qu'une autre dimension de vie nous soit suggérée au cœur de ce constat : celle du dialogue et de la rencontre sincères entre l'homme et Dieu. Et si cette dimension devenait le possible d'une existence vécue à visage découvert ? Marc 14,1-11 retentit comme l'ouverture du récit marcinien de la passion. Ouverture étrange où se jouent et s'opposent des mouvements et des gestes différents. Comment (res)sentir et vivre la présence du Christ ? A quels gestes et à quelle reconnaissance sommes-nous appelés ? Au milieu de l'Evangile, une femme se place seule devant le Christ et nous ouvre à l'urgence d'un salut toujours réorienté. Marc 14,17-21 fait suite et paire avec l'étude précédente. Mais il y a changement de registre. Nous entrons, avec ce texte, dans celui de la trahison, mais est-ce bien de trahison qu'il s'agit ? La figure de Judas est ici reprise sous le regard de l'évangile de Marc (dans le ne 12 de «Lire et Dire», c'est le texte de Matthieu qui était présenté), avec trois dimensions qui en marquent la progression : Judas comme contre-modèle de l'enseignement de Jésus, Judas comme l'interrogation sur le pourquoi de la trahison et, finalement, Judas comme la déchirure au sein de la fidélité. Au travers de ces trois aspects, Judas nous aide à penser notre propre foi mêlée d'infidélité. C'est à la suivance que nous invitent ces quatre études, mais une suivance qui n'est pas celle de l'évidence. Cette suivance-là se mêle d'errance, d'hésitation, et surtout de refus. Mais ce refus est-il simple résistance face au cours des choses ou relève-t-il de la révolte face à un Dieu trop éloigné des attentes humaines ? L'un et l'autre sans doute, dans l'étonnement d'un Dieu qui appelle l'homme et le saisit. Pour le comité: Muriel Schmid.
Article(s) inclus dans ce numéro:
 TexteTitreAuteur(s)
Ésaïe 6,1-13 (Vocation d’Ésaïe) Hélène Küng
Job 3,11-26 (Job maudit le jour de sa naissance) Claire-Lise Corbaz-Duvanel
Marc 14,1-11 (Complot contre Jésus / L’onction à Béthanie) Sophie Mermod-Gilliéron
Marc 14,17-21 (Annonce de la trahison) Nathalie Bloesch
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